mardi 10 septembre 2013

Les Abeillères : Daniel Bourguet et "l'humble beauté de Dieu"

Les Abeillères, près de Saint Jean du Gard, dans les Cévennes. 
Voyez les oiseaux du ciel – Observez les lis des champs – Regardez l’herbe des champs ! dit Jésus dans le Sermon sur la montagne. Il invite à contempler longuement la nature pour en tirer un enseignement. C’est aussi un des rôles de l’art. Ces trois prochains mois, nous désirons visiter des artistes en France, en Suisse, en Italie et à Jérusalem et d'essayer de comprendre comment ils ont été encouragés dans leur art.
La première personne visitée a été le pasteur Daniel Bourguet, aux "Abeillères", près de Saint Jean du Gard, dans les Cévennes.
Au creux d’un vallon, un vieux mas auquel a été ajouté une chapelle. Martin monte à l’étage et est accueilli par une « veilleuse ». Chaque année, elle donne quelques semaines pour assurer l’intendance de cette maison, où « l’humble beauté de Dieu » est célébrée. Cette expression provient d’un livre récent sur la prière aux Abeillères et Pomeyrol.
Martin est attendu à la fin de la matinée par Daniel Bourguet, dans son ermitage, à dix minutes de marche à travers un sentier ombragé. Il vient à sa rencontre et l’invite à s’asseoir sous un arbre où a lieu l'entretien.
« Dans le protestantisme, dit-il, le discours et l’écoute sont privilégiés au détriment des autres sens. Or les arts – tous les arts – vont plus loin que la parole et servent de tremplin au silence. Votre projet permettra de redécouvrir une dimension contemplative ».
Le baptême de Jésus, selon Lindegaard
Par exemple dans la tapisserie sur le baptême de Jésus de Lindegaard devant la chapelle des Abeillères, on voit la marque des clous dans les mains de Jésus : « Ces deux petits traits propulsent la méditation au-delà de toute prédication. L’art permet d’aller plus loin que la célébration ». 
D. Bourguet ajoute : « L’art opère une coupure avec le temps : on peut rester des heures devant une peinture. L’art ouvre le temps à une autre dimension. 
L’œil a sa place dans la vie avec Dieu. Les danses font aussi découvrir combien le corps est pris dans notre relation avec Dieu. Rien ne lui échappe et l’art souligne cela ».

L’art dit la communion
Daniel Bourguet vit en moine, mais autour de lui se rassemble une communauté. L’art crée des ponts entre les personnes : « L’art nous invite aussi à un chemin de vie communautaire. Il nous fait prendre conscience combien nous avons besoin des autres, combien nous sommes complémentaires. L’art dit en quelque sorte la communion des saints ».
Par exemple dans l’icône la perspective est inversée ; le point de fuite est devant nous : celui qui regarde l’image est intégré dans l’image.
La danse, elle, souligne le côté évanescent de notre relation avec Dieu. Après avoir dansé, il ne reste plus rien, contrairement à la sculpture qui traverse les siècles. Elle est insaisissable, comme notre relation avec Dieu.
Un accord de musique plaqué sur un simple mot dit plus que le mot en soi.
« L’art peut précéder le langage verbal. Il est une sorte de propédeutique. Il est l’en-deçà et l’au-delà de la parole. Il englobe aussi la parole ».
D. Bourguet explique encore que la liturgie est un art, mais les textes liturgiques ne sont pas signés. Celui qui les écrit se dépossède. La liturgie est une école d’humilité et l’humilité est une des beautés de l’art. Une liturgie qui exclut l’art est aride, mais il faut veiller à ne pas rechercher le beau pour le beau, car l’art n’est pas une fin en soi.
L’humble beauté de Dieu : qu’est ce à dire ? « Celle de Dieu en lui-même et celle de l’homme qui se tient devant Dieu ».

Dans ce sens Jésus a été un grand artiste, car il s’est tenu humblement en vérité et justice devant Dieu. Il a su utiliser un brin de paille, un grain de moutarde ou une perle pour dire des paraboles qui seront chantées, peintes et jouées jusqu’à la fin des temps.
Le chemin vers l'ermitage de D. Bourguet

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