mardi 17 décembre 2013

He Qi : partager la paix de l’Evangile à travers l’art.

Le Seigneur ressuscité, 2005
Le peintre chinois He Qi (Hé est son nom de famille et son prénom se prononce Tchi) a été invité par le Conseil œcuménique des Eglises, lors de sa dernière assemblée en Corée. Il y a présenté son art et son dernier livre « The Art of He Qi ». Entretien dans le « Madang » - le hall des ateliers - sur le sens de son engagement artistique en tant que chrétien.

He Qi, Qu’est ce qui vous  conduit à devenir un artiste dans l’Eglise ?
Je ne viens pas d’une famille d’artistes. Mon père était un célèbre mathématicien à Nanjing. Un jour, il a rêvé que je lui succéderais. Mais avec la révolution culturelle son université a été fermée ; il a été envoyé à la campagne pour travailler la terre, et moi avec lui. Comme je n’étais pas assez fort pour ce travail, j’ai commencé à peindre. Plus tard, j’ai rencontré un professeur de peinture qui m’a donné une formation de base. Il m’a prêté des livres d’art qui m’ont inspiré, en particulier un tableau de Raphaël de la Madone avec l’enfant. La paix, le sourire qui s’en dégageaient m’ont impressionné. C’était ma première rencontre avec l’Evangile. A cette époque je n’étais pas chrétien. Les Eglises étaient fermées durant la révolution culturelle. Un jour, je suis allé dans la vieille église Saint Paul de Nanjing et à l’intérieur il y avait des machines de chantier. C’était très difficile de trouver le message chrétien durant tout ce temps.
Suite à la découverte de cette peinture de Raphaël, j’ai commencé à m’intéresser au christianisme. Cela a été un long chemin pour devenir chrétien et l’art est devenu pour moi un moyen de communiquer un message de paix. La paix est l’aspect le plus important de l’Evangile et le sens que je désire donner à mon art.
Y a-t-il eu une résistance à votre art dans l’Eglise en Chine ?
Un jour, un pasteur chinois m’a invité à peindre sa nouvelle Eglise. Je lui ai montré le tableau du Christ ressuscité (voir le tableaux ci-dessus) en lui demandant si je pouvais en faire une fresque. Il a gardé le silence et m’a répondu : « Non, cette image est trop chinoise. Nous voudrions que vous fassiez une copie de la Cène de Léonard de Vinci ». J’ai refusé et je lui ai expliqué que Léonard a peint les personnes de cette fresque avec des habits de leur époque, qu’il a inculturé l’Evangile son art.
Quand les chinois parlaient du christianisme, ils le considéraient comme une religion occidentale. Cette conception devrait changer, car le message de l’Evangile est universel. Il concerne aussi les chinois. Dans le cadre de l’Association asiatique des artistes chrétiens, un peintre japonais, Masao Watanabe, m’a encouragé à peindre de manière indigène.
Est-ce que cette attitude a changé ?
Oui, un peu. Mais les pasteurs chinois continuent à bouder mes peintures, ils estiment qu’elles sont  
He Qi lors du vernissage  de son livre
 "The Art of He Qi", Busan, 1.11.2013
trop chinoises et non pas du vrai art chrétien. Aujourd’hui, alors que les Eglises en Chine se développent, de nouveaux bâtiments se construisent. Mais beaucoup de pasteurs veulent les construire dans le style néo-gothique. Je ne pense pas que cela soit bon, car c’est trop occidental. En Chine, nous l’appelons l’art victorien. Par contre l’art architectural contemporain peut exprimer la foi chrétienne de manière magnifique. J’ai publié un livre sur l’art chrétien depuis ses origines, architecture incluse, où je démontre cela. Mon rêve est un jour de travailler avec un architecte pour décorer une nouvelle église avec fresques et vitraux.
Comment encouragez-vous des jeunes artistes chrétiens ?
J’étais professeur au Séminaire théologique de Nanjing où j’ai encouragé mes étudiants, ce qui est très important. Je vis actuellement aux USA, mais je retourne souvent en Chine, où je donne beaucoup de conférences (aussi en d’autres lieux). Mon activité favorite est d’encourager la jeune génération. J’invite aussi des jeunes artistes à partager leur art et leur expérience. Depuis 1992, l’Association asiatique des artistes chrétiens organise aussi des rencontres entre artistes.
L'annonciation. 2005

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Il y en a plusieurs. J’ai visité récemment Hambourg et j’ai été impressionné par l’art médiéval : les vitraux, les manuscrits. L’art chrétien moderne m’inspire aussi, dans plusieurs endroits du monde. Par exemple à Bali, il y a de magnifiques bâtiments d’églises indigènes. L’inspiration ne tombe pas du ciel ; elle naît de la recherche, de voyages et de rencontres avec d’autres artistes.

Propos recueillis par Martin Hoegger

Un site internet : www.heqigallery.com

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