vendredi 6 décembre 2013

Soichi Watanabe : L’artiste chrétien, « une voix dans le désert ».



Soichi Watanabe, un peintre japonais reconnu, habitait une ville détruite par le tsunami de 2011. Il a participé à l’assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Eglises, en Corée, où un stand rappelait cette catastrophe. Entretien sur la vocation de l’artiste chrétien.
Busan, 5 nov. 2013. Soichi Watanabe en compagnie de son épouse Nao, 
devant deux de ses tableaux.
Soichi Watanabe, qu’est-ce qui vous a encouragé quand vous avez commencé à peindre ?
J’ai commencé à peindre il y a trente ans sur des sujets bibliques. Je voulais répondre à Dieu, à travers l’art visuel, à sa grâce et à ses bénédictions. Mes peintures veulent d’abord être une réponse de gratitude, que je veux ensuite partager avec d’autres personnes. Quand j’ai commencé à exposer mes œuvres, on m’a encouragé en disant que c’était de belles peintures. J’ai pu voir aussi que mes peintures encourageaient des gens et ce qui m’a aussi encouragé. En regardant en arrière, je réalise que mes œuvres sont une simple réponse à l’appel de Dieu.
Comment encourager de jeunes artistes dans l’Eglise, qui veulent répondre à Dieu à travers leur art ?
« Pleurer avec ceux qui pleurent ».
Tableau peint au lendemain du Tsunami.
C’est une question difficile. Au Japon, il n’y a pas d’art visuel dans l’Eglise. Les artistes chrétiens montrent leurs œuvres dans des galeries, pas dans l’Eglise. Selon moi, l’Eglise japonaise est influencée par le puritanisme américain. Les pasteurs estiment que la Parole de Dieu doit être annoncée uniquement à travers la prédication, pas à travers l’art.
De mon côté, j’insiste pour faire comprendre que l’art n’est pas un culte des idoles. L’art chrétien est comme un vase de terre, qui n’est pas parfait. Même l’art le plus beau n’est pas parfait. Ce que l’homme fait n’est pas la création de Dieu. Mon art est donc comme un vase de terre. Un vase est vide et je désire être comme lui. Si je fais un espace, la grâce de Dieu peut entrer en moi et je peux la partager avec les autres. Paradoxalement, le vide devient l’identité et le caractère de l’artiste.
Quand vous exposez vos tableaux, quelle est la réaction des personnes ?
La plupart ne sont pas chrétiennes. Mon art est comme « une voix dans le désert », à l’instar de Jean-Baptiste. Le sens de l’art chrétien au Japon est d’élever cette voix dans le désert, comme une prophétie. Comme Jean-Baptiste a désigné Jésus, ainsi le rôle de l’art est de diriger le regard vers Jésus. Mes tableaux essayent de faire cela.
Mais en faisant cela, vous annoncez le Christ autant que les prédicateurs !
 Rires… L’artiste est très faible et pauvre et je le suis aussi. Mon rôle, ou ma vocation de la part de Dieu, est simplement de peindre. Mon rêve pour l’Eglise au Japon est qu’un jour elle inclue l’art visuel, mais pour le moment c’est difficile.
Où se trouvent les sources de votre inspiration ?
Mes peintures se caractérisent par la simplicité et le symbolisme. J’ai été influencé par des peintres qui
Regardez les oiseaux dans le ciel !  
allient ces deux aspects. Je veux peindre des formes simples, qui ont une signification profonde. Pour ce faire, je puise dans les textes bibliques, qui ne cessent de m’inspirer. Les paroles de Dieu, les cultes et mes méditations personnelles me donnent beaucoup d’images.
Quel est votre rêve ?
Au monastère de Loccum, près de Hanovre, j’ai vu des œuvres d’art magnifiques. J’ai pensé que le christianisme en Allemagne a commencé il y a très longtemps. Au Japon, il date seulement de 150 ans. Mon rêve est donc qu’au Japon, de nombreux artistes se lèvent et expriment l’Evangile à travers leur art, comme l’ont fait les artistes en Allemagne. 

Propos recueillis par Martin Hoegger

Quelques œuvres de S. Watanabe 

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