samedi 4 janvier 2014

A la rencontre de 50 artistes

De septembre à novembre 2013, ma femme Chantal et moi, nous avons rencontré une cinquantaine d’artistes chrétiens, en nous mettant à leur écoute et en leur demandant ce qui les avait motivés à développer leur art. Comment ils avaient été encouragés, quelles étaient les difficultés, les joies dans leur pratique et ce qui les aide aujourd’hui ?



Depuis quelques temps nous cherchons à comprendre un appel pour encourager les jeunes artistes chrétiens, afin qu’à travers leur art, ils rejoignent la nouvelle génération.
Nous avons eu l’occasion plusieurs fois d’en parler avec des responsables chrétiens qui ont été très positifs. Nous en avons également parlé à des jeunes, trouvant aussi en eux un écho.
Grâce à un congé de trois mois que Martin a demandé à l’Eglise réformée où il est pasteur, nous avons visité différents lieux où l’art est développé plus particulièrement.
Nous avons rencontré une cinquantaine d’artistes chrétiens, en nous mettant à leur écoute et en leur demandant ce qui les avait motivé à développer leur art. Comment ils avaient été encouragés, qu’elles étaient les difficultés, les joies dans leur pratique et ce qui les aide aujourd’hui ?
Nous avons commencé par la France avec une visite du pasteur Daniel Bourguet. Il a fondé une petite communauté qui s’appelle les Abeillères, dans les Cévennes. Il est aussi un artiste Pour lui, l’art crée des ponts entre les personnes. Voici ce qu’il nous a dit : « L’art nous invite à un chemin de vie communautaire. Il nous fait prendre conscience combien nous avons besoin des autres, combien nous sommes complémentaires ». 
Puis nous avons participé au Camp artistique de Psalmodia aussi dans les Cévennes. Depuis 20 ans ce camp propose des ateliers sur divers arts. L’année dernière il y en avait une quarantaine. 700 personnes y ont participé dont un tiers de jeunes de moins de 20 ans.
En Italie, nous avons visité Loppiano, le centre du mouvement des Focolari, près de Florence. Nous y avons rencontré des artistes qui adhèrent la spiritualité de communion en vivant en communauté. « Dieu est beauté. Glorifiez-le par la beauté », disait Chiara Lubich. Ces artistes vivent cet appel.
Puis nous nous nous sommes rendus à la Communauté de Sant Egidio à Rome et à la Communauté de Bose dans le Nord.
En octobre, nous avons franchi la frontière française pour visiter la Communauté de Taizé, la Centre œcuménique et artistique de la Communauté du Chemin Neuf à Chartres, le monastère orthodoxe de Saint Silouane, près du Mans et le collège des Bernardins à Paris.
Martin a encore élargi notre regard en rencontrant des artistes en Corée, lors de sa participation à l’assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Eglises.
Nous avons profité de ce temps de congé pour aller à l’étranger. Maintenant nous continuons de rencontrer des artistes ici en Suisse romande.
Musique, danse, architecture, poterie, sculpture, peinture, iconographie, théâtre, art floral, arts du cirque, bande dessinée sont les divers arts que nous avons découverts.
Dans plusieurs lieux, ce qui nous a intéressés, c’est que les artistes vivent communautairement en partageant leur foi.
Nous avons vécu aussi une belle et large expérience et fait de nouveaux amis. Partout nous avons été accueillis avec beaucoup d’amitié. Nous avons un peu mieux compris que l’Eglise, c’est d’abord des relations d’amitié les uns avec les autres.

Le don de l'écoute
Nous avons offert notre écoute et en retour nous avons été très enrichis. Nous avons pu toucher du doigt la justesse de ces paroles de Dietrich Bonhoeffer :
« Le premier service dont nous sommes redevables aux autres, c’est de les écouter. De même que le commencement de notre amour pour Dieu consiste à écouter sa Parole, de même le commencement de l’amour du prochain consiste à apprendre à l’écouter.
Celui qui estime son temps trop précieux pour pouvoir le perdre à écouter les autres n’aura en fait jamais le temps pour écouter Dieu et le prochain; il n’aura de temps que pour lui-même »
Encourager une personne, c’est d’abord s’intéresser à elle, l’écouter, reconnaître ce qu’elle fait, en souligner l’importance. Puis faire connaître à d’autres son œuvre. Cela est valable pour chacun d’entre nous, mais encore c’est encore plus vrai pour les artistes.
Vivre ensemble la plupart de ces rencontres a constitué un enrichissement pour notre vie de couple. Maintenant nous cherchons à communiquer ensemble notre cheminement par une lettre de nouvelle ou en en parlant, comme nous le faisant cet après-midi.
Ce qui nous a frappés chez tous les artistes c’est le besoin d’avoir une communauté qui les soutient, leur donne de l’espace et les encourage. Il existe aussi plusieurs associations qui permettent des rencontres entre artistes. Certains projets impliquent aussi des jeunes.
L’art, c’est travailler, travailler et encore travailler ! Donc beaucoup de travail pour un résultat souvent peu reconnu ou apprécié ! Cela demande de la persévérance, de la ténacité, l’assurance de ses dons pour arriver à pratiquer son art. Pour en vivre, c’est encore plus problématique ! Heureux les artistes ou les artisans qui vivent dans une communauté qui les reconnaisse et leur passe des commandes.
 Rencontrer tous ces artistes, dont une quinzaine de jeunes, a été un beau ressourcement pour nous. Leur créativité dit une action discrète de l’Esprit saint. Pas à pas nous cherchons à discerner ce à quoi le Seigneur nous appelle.
Une des premières initiatives de Martin a été de proposer à la Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud (où il exerce une partie de son ministère) le lancement d’un concours artistique. Cela concrétise l’encouragement à développer le don artistique. Il s’agit de créer soit un chant, soit une œuvre picturale sur les thèmes : « Beauté de Dieu, beauté du monde » ou « Unité de l’Eglise, unité de l’humanité ». Nous sommes heureux que Crêt Bérard ait pris la balle au bond et organisé, dans ce cadre, un week-end de composition de chants. C’est pour nous un signe. 
Nous n’avons pas encore de projet concret, sinon de continuer à rencontrer ces artistes. Frère Daniel, de Taizé nous disait : « La relation c’est le plus important et c’est déjà un projet » ! Cela nous encourage à prendre soin de la petite pousse qui veut grandir.
Nous sommes reconnaissants de tout ce que nous avons vécu depuis deux ans. Jamais nous n’aurions imaginé marcher sur ces chemins nouveaux. Nous sommes allés de surprises en surprises et avons fait de très belles rencontres. Cela a fortifié notre confiance en l’Esprit saint, le maître intérieur, mais aussi l’auteur de toute réciprocité.
Chantal et Martin Hoegger, Le Mont sur Lausanne


Concours artistique. Voir 

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