mercredi 13 avril 2016

L'artiste chrétien. 3. Son charisme


Qu'as-tu fait de tes talents?
L'art suppose, troisièmement, un charisme, « Je l'ai rempli de mon Esprit, de sagesse et d’intelligence », est-il écrit de Bessalel, le premier artiste mentionné dans la Bible.  (Exode 31,3) Dieu a mis un don dans la personne de Bessalel.
La sagesse dont il est question ici est surtout pratique : l’intelligence, c’est la capacité de faire des liens, d’établir des correspondances, littéralement de « lire entre ». Certes l’homme – l’adam – était appelé dans la Genèse à « cultiver et à garder le jardin » et pour cela, Dieu a mis son souffle de vie en lui. Mais ici il y a plus : Dieu remplit l’artiste de sagesse et d’intelligence. 

François Cassingena, dans son beau livre « La liturgie, art et métier » note : « Pour que l’homme devienne artisan, il faut, pour ainsi dire, qu’il soit « artisané » du dedans par Dieu ».[1] Dieu continue aujourd’hui à « artisaner » des personnes pour construire son Temple spirituel.

Reconnaître la diversité des dons

Reconnaître que Dieu donne des talents et charismes artistiques variés nous garde de la tentation permanente de nous comparer aux autres et de la jalousie. Une gangrène qui ronge la vie spirituelle de tous, particulièrement des artistes.

Dans la parabole des talents, Jésus accentue la diversité des dons et les devoirs que ces dons impliquent pour chacun. Pour Paul, l’Eglise née de l’action du Saint Esprit, s’enracine dans la diversité des dons (charismes) de l’Esprit. « Nous avons des dons qui diffèrent selon la grâce qui nous a été accordée ». (Rom 12,6). « Tout cela est l’œuvre d’un seul et même Esprit qui distribue ses dons à chacun en particulier, comme il veut » (1 Cor 12,11-14).

L’artiste, comme tout chrétien, ne doit pas désirer avoir tous les dons. Les charismes qu’il a reçus doivent être consacrés au bien commun. L’artiste ne peut se suffire à soi-même car il n’a pas tous les dons. Il doit avoir l’humilité d’accepter d’être aidé par les dons des autres. J’aime ce qu’écrit Jean Calvin à ce sujet : « Dieu n’a pas mis tous les dons en un seul homme, mais plutôt que chacun en a reçu une certaine mesure, afin que les uns aient besoin des autres, et qu’en mettant en commun ce qui est donné à chacun à part, ils s’entraident les uns les autres ».[2]

Pas de compétition, donc, ni de jalousie, mais se réjouir des talents des autres. L’Eglise est un grand jardin avec des fleurs non d’une seule couleur mais de fleurs avec des nuances de couleurs infinies. La créativité artistique provient d’une action de l’Esprit. Or l’Esprit est créateur et n’agit jamais de manière stéréotypée. Il est à la fois source de la plus grande diversité et de la plus grande unité.

Si telle est l’action de l’Esprit saint, la vie de l’artiste sera une invocation permanente : Viens Esprit créateur !  





[1] François Cassingena-Trévedy. La liturgie, art et métier. Ad Solem, Genève, 2007, p. 22


[2] Commentaire de l’Epître aux Ephésiens 4,7

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