mercredi 13 avril 2016

L'artiste chrétien. 4. Sa communauté


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L'art suppose une communauté. « Je lui adjoins Oholiab, fils d'Ahissamak, de la tribu de Dan, et j'accorde également une grande habileté à d'autres artisans ; ensemble ils réaliseront tout ce que je t'ai ordonné de faire » (Exode 31,6). Bessalel n’est pas seul. L’artiste fait partie d’une communauté et travaille avec d’autres. Avant même d’être artiste, il est membre de « l’Assemblée » du Seigneur. L’artiste ne doit pas s’isoler de la communauté.

Dans ce texte, il est aux antipodes de la solitude de l’artiste romantique, qui s’érige dans l’indépendance. Il vit son art en lien avec la communauté. Son art est un service, c’est à dire un ministère. Le don artistique se met au service de la louange de Dieu, qui est le service le plus élevé qu’on peut exercer ici-bas. 

De son côté, la communauté doit reconnaître l’artiste, l’encourager, prier pour lui, lui passer commande et lui donner les moyens de sa subsistance. « L’ouvrier mérite son salaire ».

Une belle expérience communautaire me revient à l’esprit. Il y a deux ans, j’avais proposé à la Communauté des Eglises du canton de Vaud d’organiser un concours artistique sur deux thèmes : « Beauté de Dieu, beauté du monde », « Unité de l’Eglise, unité de l’humanité ». Avec un volet musical : composer un chant pouvant être chanté par une assemblée et un volet pictural. Une soixantaine d’artistes entre 7 et 80 ans ont participé, de toute la Suisse romande et de toutes les Eglises.

Les lauréats ont été récompensés lors d’une célébration œcuménique dans la cathédrale de Lausanne bien remplie. Ce fut un beau moment où la communauté reconnaissait les artistes, en chantant les nouveaux chants et en découvrant les tableaux accrochés aux murs. Une grande force d’inspiration émanait de cette heure passée ensemble. Je crois qu’elle venait de cette unité particulière vécue dans la célébration. Une unité dans une grande diversité puisque cette célébration était à la fois intergénérationnelle et inter-Eglises. A la fin de la célébration une grande joie était perceptible, presque à « couper au couteau ». Je crois que ces artistes ont été fortement encouragés par cette expérience. 

Une communauté d'encouragement sans frontières

Dans le texte de l’Exode les artistes-artisans forment, on pourrait dire, une communauté dans la communauté (ecclesiola in ecclesia). Ils avaient besoin de s’encourager réciproquement, de partager leur savoir, de se perfectionner. De même aujourd’hui, les artistes chrétiens ont besoin de se relier. C’est le but d’ARTERS qui organise cette journée. Les forums artistiques abondent aussi sur Facebook et sont utiles pour se connecter. Mais attention, communication ne signifie pas forcément  communion. Pour susciter la communion, la tablette ne peut pas remplacer la rencontre et un repas autour d’une vraie table.

J’aimerais au sujet d’internet vous partager une
Soichi Watanabe: Réconciliation
expérience récente qui m’a beaucoup inspiré. Fin janvier j’ai participé à la semaine de prière pour l’unité chrétienne à Jérusalem. Chaque jour j’ai envoyé un courriel pour partager mes impressions et réflexions à ma liste d’amis. Ce qui m’a particulièrement marqué lors des nombreuses rencontres que j’ai vécues et des célébrations auxquelles j’ai participé, était l’enjeu des relations entre juifs et arabes. Est-il possible, au nom de l’Evangile, qu’ils se réconcilient ?

A mon retour j’ai reçu un courriel de la part de Soichi Watanabe. Il avait lu ma chronique et m’envoyait, avec une grande joie, sa dernière œuvre qu’il venait de finir sur le thème de la réconciliation entre juifs et non-juifs, à partir d’une méditation sur la lettre de Paul aux Ephésiens, qui écrit que le Christ a détruit le mur de haine qui les séparait. De mon côté j’étais justement en train de méditer sur ce texte. Or son tableau exprimait parfaitement ce que je voulais dire ! J’étais ravi d’avoir pu vivre un instant de communauté virtuelle aussi inspirante !

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