jeudi 24 octobre 2013

Paroles et musique avec Pat Berning

Auteur compositeur et peintre d’origine sud-africaine, Pat Berning demeure depuis une vingtaine d’années dans la région d’Aix en Provence. Il compose aussi bien en anglais qu’en français et participe aux stages de Psalmodia à Gagnières depuis autant d’années. Il anime un atelier sur l’étude et la création de textes et leur mise en musique.
 …Un moineau se pose sur le cadre de la tente qui abrite l’atelier
et attire le regard de Pat Berning et éveille un discret sourire sur son visage

Le but de l’atelier est d’explorer une forme simple d’art, mais qui peut être très forte. Des « chants simples » ont joué un grand rôle dans l’histoire, par exemple le chant des partisans durant la deuxième guerre mondiale ; ce chant populaire a motivé et créé une unité pour résister.
« Ce désir de créer des chants simples ne me quitte pas depuis des années. Je propose d’être simple, mais pas superficiel. La simplicité n’est pas chose facile, elle demande de creuser, de sortir des clichés et des autoroutes de la pensée. Dire en quelques mots l’intéressant et le profond demande beaucoup de travail ».

Méthode de l’atelier 
La plupart des stagiaires n’ont pas d’expérience. Plusieurs ne sont pas musiciens. A la fin du stage, un petit pourcentage va continuer à composer des chants. Mais ils se sont mis au travail, souvent en équipe. Au bout de cette semaine, un ou deux chants composés ici seront chantés.

Tenir compte du public pour qui l’on compose
En créant un chant, il faut penser à qui le chantera, adapter la création au contexte : « Par exemple, mon Eglise a vécu une année très difficile. J’ai alors écrit un chant sur le pardon. Ce n’était pas facile car il ne faut pas être moralisant ».
Pat essaie aussi d’éviter le triomphalisme. Insister trop sur le « combat spirituel » peut conduire à des divisions : il y a « eux » et « nous ».
Il constate qu’il y a trop de chants en « Je ». L’adoration doit se focaliser d’abord sur Dieu, son caractère et ses attributs.
« Lors de concerts, j’encourage les personnes à inviter leurs amis et les communautés à collaborer. Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de faire de petites choses entre nous. Il y a un tel fossé entre l’Eglise et la société qu’il faut créer des ponts »

Comment encourager la créativité des jeunes ?

Pat Berning estime que l’expérience de Gagnières est un bon moyen pour encourager la créativité des jeunes. Cela peut être une étincelle, mais il faut ensuite, l’enseignement et la formation continue. L’important est de trouver un cadre où les jeunes sont mis dans une attitude d’écoute. Les encourager à être « sel de la terre ». Il faut aussi que les jeunes se rencontrent et fassent des projets ensemble, aient un but commun. Se rencontrer est bien, mais cela ne suffit pas : il faut agir ensemble.

Réconciliation
P. Berning a écrit un chant sur l’unité : « Chaîne d’amour ». Pour lui, les chants qui disent l’unité sont très importants : « La musique rassemble : c’est le rôle que Dieu lui a donné ». Il partage alors son expérience sud-africaine : « Après mes études de théologie, j’ai travaillé pour « Jeunesse pour Christ ». Dans le contexte d’apartheid, nous avons creusé le thème de la réconciliation. Ensemble, avec de jeunes noirs et blancs, nous avons marché durant une semaine, dormi sous la même tente ».
Alors qu’en Afrique du Sud, le contexte était majoritairement protestant, en France il ne peut ignorer l’Eglise catholique, où il y a tant de richesses spirituelles. L’œcuménisme est une nécessité.

L’art, la société et l’Eglise
L’art n’est pas seulement le miroir d’une société, il peut aussi être une force de changement. Mais il constate que les artistes ont tendance à être sentimentaux. Il appelle chacun à faire fructifier ses talents : « Dieu appelle à la créativité : il ne demande pas seulement de garder ce qu’il a donné, mais de le faire fructifier.  La parabole des talents le dit. La créativité et la croissance sont la vie ».
Il appelle aussi l’Eglise à mettre les dons des artistes en évidence. L’art joue un rôle de pont entre le matériel et le spirituel. Toutefois les pasteurs ne doivent pas devenir des imprésarios.

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