Le Seigneur ressuscité, 2005 |
He Qi, Qu’est ce qui vous conduit à devenir un artiste dans l’Eglise ?
Je ne viens pas d’une famille
d’artistes. Mon père était un célèbre mathématicien à Nanjing. Un jour, il a rêvé
que je lui succéderais. Mais avec la révolution culturelle son université a été
fermée ; il a été envoyé à la campagne pour travailler la terre, et moi
avec lui. Comme je n’étais pas assez fort pour ce travail, j’ai commencé à
peindre. Plus tard, j’ai rencontré un professeur de peinture qui m’a donné une
formation de base. Il m’a prêté des livres d’art qui m’ont inspiré, en
particulier un tableau de Raphaël de la Madone avec l’enfant. La paix, le
sourire qui s’en dégageaient m’ont impressionné. C’était ma première rencontre
avec l’Evangile. A cette époque je n’étais pas chrétien. Les Eglises étaient
fermées durant la révolution culturelle. Un jour, je suis allé dans la vieille
église Saint Paul de Nanjing et à l’intérieur il y avait des machines de
chantier. C’était très difficile de trouver le message chrétien durant tout ce
temps.
Suite à la découverte de cette
peinture de Raphaël, j’ai commencé à m’intéresser au christianisme. Cela a été
un long chemin pour devenir chrétien et l’art est devenu pour moi un moyen de
communiquer un message de paix. La paix est l’aspect le plus important de
l’Evangile et le sens que je désire donner à mon art.
Y a-t-il eu une résistance à votre art dans l’Eglise en Chine ?
Un jour, un pasteur chinois m’a
invité à peindre sa nouvelle Eglise. Je lui ai montré le tableau du Christ
ressuscité (voir le tableaux ci-dessus) en lui demandant si je pouvais en faire une fresque. Il a gardé le
silence et m’a répondu : « Non, cette image est trop chinoise. Nous
voudrions que vous fassiez une copie de la Cène de Léonard de Vinci ».
J’ai refusé et je lui ai expliqué que Léonard a peint les personnes de cette fresque
avec des habits de leur époque, qu’il a inculturé l’Evangile son art.
Quand les chinois parlaient du
christianisme, ils le considéraient comme une religion occidentale. Cette
conception devrait changer, car le message de l’Evangile est universel. Il
concerne aussi les chinois. Dans le cadre de l’Association asiatique des
artistes chrétiens, un peintre japonais, Masao
Watanabe, m’a encouragé à peindre de manière indigène.
Est-ce que cette attitude a changé ?
Oui, un peu. Mais les pasteurs
chinois continuent à bouder mes peintures, ils estiment qu’elles sont
trop
chinoises et non pas du vrai art chrétien. Aujourd’hui, alors que les Eglises en
Chine se développent, de nouveaux bâtiments se construisent. Mais beaucoup de
pasteurs veulent les construire dans le style néo-gothique. Je ne pense pas que
cela soit bon, car c’est trop occidental. En Chine, nous l’appelons l’art
victorien. Par contre l’art architectural contemporain peut exprimer la foi
chrétienne de manière magnifique. J’ai publié un livre sur l’art chrétien
depuis ses origines, architecture incluse, où je démontre cela. Mon rêve est un
jour de travailler avec un architecte pour décorer une nouvelle église avec
fresques et vitraux.
He Qi lors du vernissage de son livre "The Art of He Qi", Busan, 1.11.2013 |
Comment encouragez-vous des jeunes artistes chrétiens ?
J’étais professeur au Séminaire
théologique de Nanjing où j’ai encouragé mes étudiants, ce qui est très
important. Je vis actuellement aux USA, mais je retourne souvent en Chine, où
je donne beaucoup de conférences (aussi en d’autres lieux). Mon activité
favorite est d’encourager la jeune génération. J’invite aussi des jeunes
artistes à partager leur art et leur expérience. Depuis 1992, l’Association
asiatique des artistes chrétiens organise aussi des rencontres entre artistes.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
L'annonciation. 2005 |
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Il y en a plusieurs. J’ai visité
récemment Hambourg et j’ai été impressionné par l’art médiéval : les
vitraux, les manuscrits. L’art chrétien moderne m’inspire aussi, dans plusieurs
endroits du monde. Par exemple à Bali, il y a de magnifiques bâtiments
d’églises indigènes. L’inspiration ne tombe pas du ciel ; elle naît de la
recherche, de voyages et de rencontres avec d’autres artistes.
Propos recueillis par Martin Hoegger
Un site internet : www.heqigallery.com
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