samedi 21 décembre 2013

Lucy D'Souza: « Dire l’amour de Dieu à travers l’art »

Lucy D'Souza-Krone, Busan, 4 nov. 2013
Originaire de Goa en Inde, Lucy D’Souza-Krone exposait ses tableaux sur le thème de la Bible et du climat lors de l’Assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Eglises à Busan (nov. 2014). C’est là que je l’ai rencontrée pour un entretien sur le rôle de la Bible dans l’inspiration artistique.

Dans un ashram artistique
La Bible a toujours été importante pour Lucy D’Souza, née dans une famille catholique : « J’en tire mon inspiration et presque tous mes tableaux ont un arrière-plan biblique. Pour moi, peindre c’est comme prier et je prie pour mes amis pendant que je peins ». Lucy a commencé à peindre en 1983 dans un ashram artistique. Elle a toujours aimé peindre, mais son père est décédé alors qu’elle était encore enfant ; elle ne pouvait pas se former, par manque de moyens financiers. « J’ai vécu dans une grande simplicité, mais il y avait toujours en moi la passion de peindre. Dans ma famille cela n’était pas possible, alors j’ai du aller dans cet ashram pour pouvoir peindre ». Avec d’autres artistes chrétiens, elle lisait la Bible et priait avec eux avant de peindre : « Nous étions une communauté d’artistes, chaque matin, avant de travailler nous lisions la Bible et la méditons puis en partagions le fruit. Cela nous inspirait beaucoup. Ce lieu me manque beaucoup, mais heureusement que j’y retourne chaque année ».

Dire l’amour de Dieu à travers l’art
Quelle place donner à l’art dans la mission de l’Eglise ? Avant de se mettre au travail, Lucy prie longuement pour que sa peinture parle de l’amour de Dieu à cette génération. Si ses tableaux sont en lien avec des questions sociales, par exemple le problème de l’environnement, elle s’enracine toujours dans une méditation biblique. « Dire l’amour de Dieu à travers mes tableaux, voici ce qui est le plus important pour moi », témoigne-t-elle.  
Comment vient son inspiration ? « Souvent de manière soudaine, que je ne peux pas expliquer. Une fois j’étais
« Femmes de la Bible : Des guides pour le Royaume de Dieu. »
Autour de la parabole du royaume « comparable à du levain »,
 se tiennent Myriam, Shifra et Poua, Ruth,
Élisabeth et Marie, Marie-Madeleine.  
dans une église et j’ai entendu un hymne d’Ephrem le Syrien. Je l’ai relu plusieurs fois et une image m’est venue. Une autre fois, j’étais à l’église en prenant la communion avec des femmes et tout à coup une autre image m’est venue : Marie et le pain de vie. Je suis rentrée chez moi et ai fait une esquisse. L’inspiration n’est pas venue toute seule, mais grâce aussi à la présence de ces femmes à mes côtés ».
Les femmes de la Bible sont un des thèmes de prédilection de Lucy. Elle les peint à travers ses yeux de femme indienne. C’est ainsi qu’elle a réalisé une tenture de carême, largement diffusée dans les Eglises qui met en scène sept figures féminines. 

Nourrir la patience
Lucy travaille souvent avec des enfants et des jeunes, Ici à Busan, elle se réjouit de voir combien les jeunes s’intéressent à sa peinture. En Allemagne, elle travaille aussi avec des confirmands. En Inde également elle anime  des ateliers de peinture. « Je suis très heureuse quand des jeunes s’intéressent à ma peinture et je trouve toujours des forces pour la leur expliquer ».
Comment encourager les jeunes artistes dans l’Eglise ? Pour Lucy la patience est primordiale. Elle-même peut peindre 8 heures de suite et constate que les jeunes filles ont davantage de patience que les garçons. Elle encourage toujours les jeunes à persévérer : « Je désire leur donner le goût de continuer lorsqu’ils en ont marre et veulent tout laisser tomber. Je me tiens à leur côté et ils parviennent ainsi à leur but. Moi-même je suis encouragée quand les jeunes persévèrent. Je crois que chaque personne peut peindre, il faut seulement la guider et l’encourager ».

Art pour le climat
La vision de l'eau jaillissant du Temple d'Ezéchiel.
Avec son mari, le pasteur Andreas Krone elle a lancé le projet « Art pour le climat » pour sensibiliser les Eglises sur le respect de la création à travers les arts.  « Nous avons une responsabilité vis à vis de la terre, nous ne devons pas tout lui prendre. Qu’ont fait les hommes avec la création belle et bonne de Dieu. Que pouvons-nous faire pour que l’eau et l’air soient meilleurs. » ?
 Elle me montre alors un tableau sur la vision du prophète Ezéchiel qui représente la bonne eau jaillissant du temple de Jérusalem. Une eau qui apporte la guérison pour les hommes, la nature et les animaux. Cette image si forte éveille en elle un souvenir : « En Inde, ce sont les femmes qui sont en relation avec l’eau. Moi aussi, enfant, j’ai porté l’eau et cela était souvent très fatiguant. L’eau, c’est aussi l’eau spirituelle. Sur mon tableau j’ai voulu montrer que ce fleuve de la vie jaillit du centre de notre personne et il représente l’amour pour nos prochains. C’est cet amour qui peut guérir l’humanité, car nous sommes ce fleuve de vie ».
Martin Hoegger
Un site internet : http://www.lucy-art.de

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