De septembre à novembre 2013, ma femme Chantal et moi, nous avons
rencontré une cinquantaine d’artistes chrétiens, en nous mettant à leur écoute
et en leur demandant ce qui les avait motivés à développer leur art. Comment
ils avaient été encouragés, quelles étaient les difficultés, les joies dans
leur pratique et ce qui les aide aujourd’hui ?
Concours artistique. Voir
Depuis quelques temps nous cherchons à comprendre un appel pour encourager les jeunes
artistes chrétiens, afin qu’à travers leur art, ils rejoignent la nouvelle
génération.
Nous
avons eu l’occasion plusieurs fois d’en parler avec des responsables chrétiens
qui ont été très positifs. Nous en avons également parlé à des jeunes, trouvant
aussi en eux un écho.
Grâce à
un congé de trois mois que Martin a demandé à l’Eglise réformée où il est pasteur,
nous avons visité différents lieux où l’art est développé plus
particulièrement.
Nous
avons rencontré une cinquantaine d’artistes chrétiens, en nous mettant à leur
écoute et en leur demandant ce qui les avait motivé à développer leur art.
Comment ils avaient été encouragés, qu’elles étaient les difficultés, les joies
dans leur pratique et ce qui les aide aujourd’hui ?
Nous
avons commencé par la France avec une visite du pasteur Daniel Bourguet. Il a
fondé une petite communauté qui s’appelle les Abeillères, dans les Cévennes. Il
est aussi un artiste Pour lui, l’art crée des ponts entre les
personnes. Voici ce qu’il nous a dit : « L’art nous invite à
un chemin de vie communautaire. Il nous fait prendre conscience combien nous
avons besoin des autres, combien nous sommes complémentaires ».
Puis
nous avons participé au Camp artistique de Psalmodia aussi dans les Cévennes.
Depuis 20 ans ce camp propose des ateliers sur divers arts. L’année dernière il
y en avait une quarantaine. 700 personnes y ont participé dont un tiers de
jeunes de moins de 20 ans.
En
Italie, nous avons visité Loppiano, le centre du mouvement des Focolari, près
de Florence. Nous y avons rencontré des artistes qui adhèrent la spiritualité
de communion en vivant en communauté. « Dieu est beauté. Glorifiez-le par
la beauté », disait Chiara Lubich. Ces artistes vivent cet appel.
Puis
nous nous nous sommes rendus à la Communauté de Sant Egidio à Rome et à la
Communauté de Bose dans le Nord.
En octobre,
nous avons franchi la frontière française pour visiter la Communauté de Taizé,
la Centre œcuménique et artistique de la Communauté du Chemin Neuf à Chartres,
le monastère orthodoxe de Saint Silouane, près du Mans et le collège des
Bernardins à Paris.
Martin a
encore élargi notre regard en rencontrant des artistes en Corée, lors de sa
participation à l’assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Eglises.
Nous
avons profité de ce temps de congé pour aller à l’étranger. Maintenant nous
continuons de rencontrer des artistes ici en Suisse romande.
Musique,
danse, architecture, poterie, sculpture, peinture, iconographie, théâtre, art
floral, arts du cirque, bande dessinée sont les divers arts que nous avons
découverts.
Dans
plusieurs lieux, ce qui nous a intéressés, c’est que les artistes vivent communautairement
en partageant leur foi.
Nous
avons vécu aussi une belle et large expérience et fait de nouveaux amis. Partout
nous avons été accueillis avec beaucoup d’amitié. Nous avons un peu mieux
compris que l’Eglise, c’est d’abord des relations d’amitié les uns avec les
autres.
Le don de l'écoute
Nous
avons offert notre écoute et en retour nous avons été très enrichis. Nous avons
pu toucher du doigt la justesse de ces paroles de Dietrich Bonhoeffer :
« Le premier service dont
nous sommes redevables aux autres, c’est de les écouter. De même que le
commencement de notre amour pour Dieu consiste à écouter sa Parole, de même le
commencement de l’amour du prochain consiste à apprendre à l’écouter.
Celui qui estime son temps trop
précieux pour pouvoir le perdre à écouter les autres n’aura en fait jamais le
temps pour écouter Dieu et le prochain; il n’aura de temps que pour
lui-même »
Encourager
une personne, c’est d’abord s’intéresser à elle, l’écouter, reconnaître ce
qu’elle fait, en souligner l’importance. Puis faire connaître à d’autres son
œuvre. Cela est valable pour chacun d’entre nous, mais encore c’est encore plus
vrai pour les artistes.
Vivre
ensemble la plupart de ces rencontres a constitué un enrichissement pour notre
vie de couple. Maintenant nous cherchons à communiquer ensemble notre
cheminement par une lettre de nouvelle ou en en parlant, comme nous le faisant
cet après-midi.
Ce qui
nous a frappés chez tous les artistes c’est le besoin d’avoir une communauté
qui les soutient, leur donne de l’espace et les encourage. Il existe aussi
plusieurs associations qui permettent des rencontres entre artistes. Certains
projets impliquent aussi des jeunes.
L’art,
c’est travailler, travailler et encore travailler ! Donc beaucoup de
travail pour un résultat souvent peu reconnu ou apprécié ! Cela demande de
la persévérance, de la ténacité, l’assurance de ses dons pour arriver à
pratiquer son art. Pour en vivre, c’est encore plus problématique !
Heureux les artistes ou les artisans qui vivent dans une communauté qui les
reconnaisse et leur passe des commandes.
Rencontrer
tous ces artistes, dont une quinzaine de jeunes, a été un beau ressourcement
pour nous. Leur créativité dit une action discrète de l’Esprit saint. Pas à pas
nous cherchons à discerner ce à quoi le Seigneur nous appelle.
Une des
premières initiatives de Martin a été de proposer à la Communauté des Eglises
chrétiennes dans le canton de Vaud (où il exerce une partie de son ministère)
le lancement d’un concours artistique. Cela concrétise l’encouragement à développer
le don artistique. Il s’agit de créer soit un chant, soit une œuvre picturale
sur les thèmes : « Beauté de Dieu, beauté du monde » ou
« Unité de l’Eglise, unité de l’humanité ». Nous sommes heureux que Crêt Bérard ait pris la balle au bond et organisé,
dans ce cadre, un week-end de composition de chants. C’est pour nous un signe.
Nous
n’avons pas encore de projet concret, sinon de continuer à rencontrer ces
artistes. Frère Daniel, de Taizé nous disait : « La relation c’est le plus important et c’est déjà un
projet » ! Cela nous encourage à prendre soin de la petite pousse
qui veut grandir.
Nous
sommes reconnaissants de tout ce que nous avons vécu depuis deux ans. Jamais
nous n’aurions imaginé marcher sur ces chemins nouveaux. Nous sommes allés de
surprises en surprises et avons fait de très belles rencontres. Cela a fortifié
notre confiance en l’Esprit saint, le maître intérieur, mais aussi l’auteur de
toute réciprocité.
Chantal et Martin Hoegger, Le
Mont sur Lausanne
Concours artistique. Voir
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