Pour ce message, je me suis inspiré de cette œuvre de l’artiste genevoise Sara Riesenmey intitulée « Hands in community » (« mains en communauté »). Je connais Sara depuis une dizaine d’années, en particulier dans le cadre de l’Association artistique Arters, et j’apprécie son travail original.
Voir le culte du 21 août où cette oeuvre a été présentée
Je vois trois parties dans cette œuvre :
- En haut : deux mains tendues vers le bas
- Au milieu : deux mains qui se rencontrent
- En bas : quatre mains tendues vers le haut
Et puis, en plus du symbolisme des mains, il y a celui de l’Esprit : la colombe que je vois dans les vides.
Cette œuvre évoque en moi plusieurs thèmes et textes bibliques. J’y discerne une unité qui apporte un fort message spirituel.
A. Les mains tendues vers le bas
Je vois dans ces mains celles de Dieu. Constamment il les tend vers ce monde qu’il aime et bénit. Il fait pleuvoir les pluies bienfaisantes et lever son soleil sur tous, car il bénit la création qu’il soutient.
A notre tour, nous avons à dire et faire du bien à la création, en particulier envers nos prochains, car nous sommes créés à son image. C’est-à-dire appelés à bénir la création en la caressant, en prenant soin les uns des autres.
Depuis que la Parole s’est faite chair et a habité parmi nous, depuis que Dieu a assumé notre humanité, ces mains de Dieu sont celles de Jésus, le Fils incarné.
Les mains sont une merveilleuse image pour nous faire comprendre la divino-humanité de Jésus.
Jésus est pleinement homme : il a travaillé avec ses mains comme charpentier. Avec elles, il a appris à écrire, à tailler la pierre, à raboter le bois, à construire des maisons. « D'où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui est donnée, et d'où vient que de tels miracles s'opèrent par ses mains ? Celui-ci n'est-il pas le charpentier…? » (Marc 6 : 2-3)
Ce sont ses mains qui ont été clouées sur une croix. Et ses mains qu’il montre à ses disciples au soir de Pâques pour éveiller leur confiance : « Regardez mes mains et mes pieds : c'est bien moi ! Touchez-moi et voyez, car un esprit n'a ni chair ni os, contrairement à moi, comme vous le constatez. » (Luc 24,3)
Jésus est aussi pleinement Dieu. Dans la vision que Jean a eue de lui, Jésus avait dans sa main droite sept étoiles (Apoc 1,16), une image de sa souveraineté sur l’univers et sur chacune de nos vies. Rien ne peut en effet nous séparer de lui, car il est le Bon Berger qui nous garde : « Mes brebis écoutent ma voix… ; moi, je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les arracher de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10,27-30).
Oui, nous pouvons dormir tranquille. Quoi qu’il arrive, nous sommes en sécurité, car nous sommes dans les mains du Père et du Fils. Paul pouvait écrire : « Je suis assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni pouvoirs, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Romains 8,38-39).
Dans l’union avec son Père, Jésus continue à nous bénir, comme il bénissait les enfants en posant les mains sur eux : « On lui apportait des petits enfants pour qu'il les touche, mais les disciples reprirent ceux qui les apportaient ; Jésus, voyant cela, en fut indigné… Puis, après les avoir serrés dans ses bras, il posa les mains sur eux et les bénit » (Marc 10 : 13-16). Il continue à lever les mains sur nous pour nous bénir comme il l’a fait avec ses disciples au moment de rejoindre le Père (Luc 24,50).
Il continue à nous guérir en nous imposant les mains à travers le ministère de guérison de son Église : « La belle-mère de Simon était alitée, elle avait de la fièvre ; aussitôt on lui parle d'elle. Il s'approcha et la fit lever en lui saisissant la main ; la fièvre la quitta, et elle se mit à les servir » (Marc 1,30-31).
B. Les mains qui se rencontrent
Ces deux mains qui se rencontrent sont celles de Dieu et les nôtres. A l’amour de Dieu qui se manifeste, nous avons à tendre « la main vide de la foi ». Il ne suffit pas que le Christ vienne à nous et frappe à nos portes, nous avons à venir à lui et à lui ouvrir notre porte.
La foi, c’est une confiance toute simple qui croit que Dieu est tout amour, que sa Parole est vérité et que sa volonté est juste et bonne.
La foi c’est prendre la main que Jésus nous tend et croire qu’il va nous tirer du gouffre, comme Pierre à qui Jésus donne la main pour le sauver de la noyade : « Pierre eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Mat 14,32).
Oui, Dieu attend notre réponse. Il fait toujours le premier pas, mais il désire que sa main rencontre la nôtre. Cela s’appelle « l’alliance ».
Lorsque l’on conclut une affaire, on finit par se toper les mains. « Tope-là », dit-on ! Eh bien, Dieu veut conclure avec nous l’affaire de notre vie en nous invitant à lui répondre par notre foi.
Cette alliance, Dieu l’a initiée avec Abraham et le peuple qui est issu de lui et en Jésus-Christ, il l’a élargie à l’humanité entière. Elle est un don indestructible, car « les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (Romains 11, 29). Avec une patience infinie, Dieu attend que nous prenions la main qu’il ne cesse de nous tendre (Romains 2,4), afin que nous vivions « en communauté » avec Lui et les uns avec les autres.
C. Les mains tendues vers le haut
Dieu ne veut pas seulement que nous tendions nos mains vers Lui, mais aussi les uns vers les autres. S’il nous réconcilie avec lui, c’est pour que nous nous réconciliions entre nous. L’image des quatre mains tendues vers le haut le symbolise.
Ces mains soutiennent : nous n’avons pas à brandir nos poings les uns contre les autres, mais à nous soutenir. Si nous avons été encouragés par Dieu, nous sommes appelés à nous encourager les uns les autres (2 Corinthiens 1,4).
Notre prière doit être suivie par une vie droite, comme le dit Paul : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées » (I Tim 2,8). Déjà le psalmiste appelait à « la pureté des mains », à savoir à mener une vie dans la justice et l’attention les uns aux autres : « Le Seigneur m'a traité selon ma justice, il m'a récompensé selon la pureté de mes mains ; car j'ai gardé les voies du Seigneur ». (Psaume 18,21-22)
Ces mains tendues les unes vers les autres nous rappellent aussi que nous ne sommes pas des îles mais que nous avons besoin les uns des autres. Elles nous enseignent à dire à notre prochain les mêmes mots que nous disons à Dieu dans la prière : « merci, pardon, s’il te plaît ». Avoir l’humilité de dire ces mots change toutes nos relations et apporte le souffle de l’Esprit.
D. La colombe
Je ne sais pas si Sara Riesenmey a voulu représenter une colombe dans les vides de son découpage, mais cela m’est tout de suite apparu.
La colombe est le symbole de l’Esprit saint, comme le récit du baptême de Jesus le montre: « L’Esprit saint descendit sur Jésus sous une forme corporelle, comme une colombe » (Luc 3,22).
Ainsi lorsque nous tendons les mains avec foi vers le Christ, et avec amour les uns envers les autres, nous pouvons nous attendre à ce que l’Esprit saint nous environne.
Alors ne nous lassons pas de l’invoquer et ne tardons pas à ouvrir les « mains vides » pour recevoir en donnant, et donner en recevant !
La parole à Sara Riesenmey
"J’ai réalisé ce travail en 2021. Il s’agit de papier découpé au cutter, fragilité.
Dans ce papier, j’ai dessiné un entremêlement de mains. Des mains qui donnent, qui prient, qui reçoivent, qui bénissent, qui aiment, qui s’ouvrent.
Il y a des mains pleines – qui sont peut-être plus affermies – et des mains creuses, plus fragiles.
Pour moi c’est un mouvement qui descend du haut, qui se partage et retourne vers le haut, comme une interdépendance de Dieu et des autres".
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