Allastair Gordon |
Voici quelques signes qui montrent qu’il y a
un intérêt croissant pour la foi dans l’art contemporain :
A. Gordon a exposé récemment à Los Angeles
des tableaux avec des thèmes bibliques. Le succès était étonnant.
Il a participé à un Stabat Mater, Marie au pied de la croix, avec une « standing ovation » à la fin de
l’œuvre.
Il a vu un programme de la BBC d’un
philosophe athée qui affirme l’importance d’une meilleure connaissance de la
Bible.
Christian
Wiman,
un écrivain américain reconnu, est venu à la foi suite à l’expérience de la
souffrance dans un cancer. Son livre où il partage son expérience a reçu un
prix.
Elpida
Hatzi,
de la Macédoine, a exposé à la Biennale de Venise.
Elle n’est pas croyante mais
le Vatican lui a donné carte blanche pour l’œuvre de son pavillon (Le Vatican,
depuis trois éditions de la Biennale a en effet, un pavillon !) Elle a
réalisé une œuvre symbolisant l’incarnation au moyen d’une tente.
God Art, le dernier livre d'A. Gordon, avec, en illustration l'oeuvre d'E. Hatzi |
La National Gallery de Londres a commandé des
œuvres à Michael Landi. Celui-ci a choisi
de représenter le martyre de plusieurs saints.
« 100
artistes voient Dieu », tel était le titre d’une récente exposition à
Londres.
A Düsseldorf, une exposition a pris le thème
du « problème de Dieu » et
pose la quetion : comment représenter ce qu’on ne peut voir et que
beaucoup de gens ont rejeté. Dans le catalogue Isabelle Malz écrit : «
l’art contemporain se préoccupe du symbolisme chrétien, car la religion est de
retour dans le débat politique ».
On comprend donc pourquoi la critique d’art Adrienne Chaplin écrit : « La religion est de retour, non seulement
dans le débat politique, mais aussi dans l’arène publique et les arts ».
« Quelque
chose se passe » ! Est-ce que vous le voyez aussi autour de vous » ?
demande Alastair.
Ces signes montrent un retour de la foi. Alors
que l’art religieux était tabou, cela est en train de changer…et ce changement
est rapide.
Comment parler de la foi de manière à ouvrir
la conversation, plutôt que la fermer ? Il faut de la sensibilité et surtout
beaucoup de travail.
D’une
cathédrale à l’autre
Selon Sarah
Thornton l’art est une religion. Elle a ses prophètes, ses rites, ses
bâtiments (les galeries, les théâtres). On fait partie d’une communauté, on
trouve un sens, on partage une croyance.
Oeuvre d'A. Gordon |
Aaron
Rosen,
dans « Art and Religion in the 21st.
Century » affirme : « Il
est temps de mettre de côté l’idée de l’antagonisme entre l’art et la
religion…On découvre alors le potentiel de leur réciprocité »
Dans la cathédrale S. Paul, on montre quatre
films sur des martyrs à partir des quatre éléments. Montrés à l’envers ils
suggèrent la renaissance. La Tate Gallery
les a commandés et donnés ensuite à la cathédrale. Une œuvre religieuse
commandée par une institution séculière et donnée à l’Eglise. Etonnant !
Art et
prière
« Pourquoi
est-ce que je prie quand je peins » ? D’abord il faut reconnaître
que la tradition chrétienne a toujours été à l’aise avec le sens de l’art. Quel
est son but ? Alain de Botton, dans « Religion for Atheist » écrit : « le christianisme sait ce qu’est l’art :
il nous guide dans ce que nous devons adorer ou éviter si nous souhaitons
rester sains d’esprit ». L’art génère de la compassion qui dissout les
limites notre égo et nous ouvre aux souffrances des autres. Il nous rappelle de
l’existence l’invisible et nous guérit de nos oublis.
Pourquoi le ciment est-il si beau après la
pluie. Que me dit une fleur qui se fane ? Pourquoi est-ce que j’aime le
bleu ? Le bleu fait partie de la création : il est important pour un
chrétien de se demander cela.
Comment A. Gordon intègre-t-il la prière dans
son art ? Avec humour, il répond : « Dans mon studio, je commence par boire un café, puis je demande à Dieu
de m’aider à trouver un chemin pour ouvrir la relation plutôt que de la fermer.
L’artiste est libre de s’exprimer comme il le désire, car la création est d’une
telle richesse que les moyens d’expression sont infinis ».
Questions
à l’artiste chrétien
Toutefois, il ne va pas de soi de dire qu’on
est chrétien dans le monde artistique. Le chrétien est souvent associé à des
fondamentalistes et à des institutions qui se sont discréditées.
Si l’Eglise utilise l’art pour la compassion
et la guérison, elle l’a aussi utilisé pour exalter sa puissance et pour
montrer ce que l’on doit croire. Elle a fermé la discussion plutôt que de
l’ouvrir.
Il y a tout cela derrière le questionnement
actuel contre le
christianisme. L’artiste chrétien doit se demander pourquoi le
christianisme est ainsi compris. Il doit en parler et montrer une alternative.
All the Postcards Sent to My Studio 01.12.14 to 26.12.14. A. Gordon |
C’est difficile quand on travaille avec des
galeries internationales. Mais il est intéressant de voir que beaucoup d’artistes
non chrétiens travaillent avec des valeurs chrétiennes.
Dans son livre sur l’art et la foi, A. Gordon
témoigne de sa foi. Il a été bien reçu par des non chrétiens, mais moins bien
par les chrétiens ! C’est paradoxal.
Entrer
en conversation avec l’art contemporain.
Y a-t-il une différence entre le monde
anglophone et francophone ? Les anglophones sont-ils plus ouverts à la foi ?
En fait le monde des arts est international. L’exposition internationale à
Bâle, en ce mois de juin, en est un bon exemple, tout comme la Biennale de
Venise.
Il est important de visiter ces expositions
pour être au courant des évolutions de l’art moderne. Jésus-Christ est aussi
Seigneur des arts. Ceux qui l’aiment doivent être présents là où il règne. « C’est un monde dans lequel je vis,
travaille, où je rencontre des amis. Je vous invite sincèrement à vous y
intéresser et à entrer en conversation avec lui », conclut l’orateur.
Martin Hoegger
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