Je vous invite à vous laisser porter par la poésie
et la peinture d’Olivier Taramarcaz, poète et graveur valaisan. Je l’ai entendu
dans le cadre d’une journée « Connect Day » organisée par
l’association artistique Arters. Quelques instants de bonheur !
"Le terre est un
poème"
" J'étais né pour la vie,
une vie à vivre pour l'éternité"
"Je comprends une seule
chose. Elle a le goût d'éternité"
"Je comprends ma vie
quand je marche"
"Sur le sable un doigt… a
dessiné ton sourire."
Chaque instant de notre vie est un instant
d'éternité. Il n'y a pas d'habitude. L'habitude est le piège de la vie.
L'important est l'ordinaire.
Dans notre époque d'immédiateté, une question se
pose : comment est-ce que je marche sur terre? En tant que chrétien, qu'est ce
que change la compagnie de l'Eternel?
La prière
Pour moi, la prière est le fondement de tout ce que
je fais: j'entre dans ma chambre pour recevoir ce que Dieu désire que je dise
et communique.
Elle crée en nous une unité intérieure qui nous a
été volée. Elle crée la possibilité d'être une source pour d'autres, un
ferment.
La feuille
Adam et Eve se sont cachés avec une feuille : l'art
est-il une feuille avec laquelle je me protège? Est-il un écran pour me cacher
de Dieu? Pour ne plus entendre la question : où es-tu?
Le fruit
"Tu
porteras du fruit", dit le prophète (Osée 14,9). Est-ce moi qui le
produit, ou est-ce Dieu qui y met sa promesse de Vie. Le fruit de l'Esprit se
retrouve-t-il dans ce que je produis ? "Je vous ai établis pour que
vous portiez du fruit", dit Jésus.
Placer sa confiance en Dieu plutôt que de placer sa
confiance en soi même.
Générosité de Dieu
Le principe de Dieu c'est la multiplication. Il y a
tellement d'amour dans sa présence. Je me laisse tomber devant tant de
générosité !
La Parole
Je laisse une Parole s'imprimer en moi pendant
plusieurs mois: dans ma marche, mon sommeil, mes rêves
Un passage résume ma vie: "l'Olivier sauvage greffé sur l'olivier
franc". J'étais un sauvage. L'olivier sauvage ne produit rien que des
petits fruits qui ne donnent pas d'huile. Moi qui étais fier de mes petits
fruits, je ne produisais rien. Je devais être greffé sur l'éternel. Cela a
changé ma vie.
Beauté de Dieu
Pourquoi ne la découvrons-nous pas? Nous sommes
tous occupés par ce que nous produisons. Mais nous avons produit du vent, semé
de la semence qui ne produit rien. Tant de passages de la Bible disent
cela.
Devenir Ami
Jésus n'a pas d'ennemi. Il veut que nous devenions
son ami. Certes, il a un ennemi. Mais Jésus n'est pas son ennemi. Un jour en
Norvège un renne a foncé sur moi. Je n'ai pas bougé. Il s'est arrêté à 5
mètres. Ne cherchons pas à nous protéger, ni à nous défendre. Nous sommes
cachés en Christ: celui qui nous veut du mal ne nous voit pas. Nous sommes
protégés par devant et derrière.
Le mur intérieur
Dans ma jeunesse, j'écrivais sur le mur de ma
chambre. Quand il était rempli d'écritures, on mettait une nouvelle tapisserie.
Un jour on l'a abattu. Cela m'a fait drôle. Quand je suis venu à la foi en
Dieu, un autre mur, intérieur, s'est écroulé en moi. Depuis les mots ont pris
un autre sens.
Le fondement de mon art
Ma démarche artistique est fondée sur mon histoire,
sur les questions que Dieu me pose. Je ne cherche pas à faire du nouveau à tout
prix, ce qui est une illusion. En fait il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
Les fresques des grottes de la préhistoire sont
extraordinaires. Je n'ai pas besoin de nouveau, de me satisfaire, mais à être
en Dieu pour vivre de son souffle. Chacun est unique en Dieu. Il a un plan pour
nous. Tant que nous restons en lui, il nous porte et nous avons une
stabilité.
Saveur
"Nul pouvoir, un peu de
savoir, beaucoup de saveurs", disait Théodore Monod. Mais on a renversé les
choses : pas de saveur, un peu de savoir, beaucoup de pouvoir.
Ma mère m'a dit : « que ta vie soit porteuse de saveurs, non de savoir, ni de
pouvoir » !
La seule chose que j'essaie de vivre est de faire
de mon expérience du miel. Dès le matin, je me lève pour aller: c'est le premier
mot que Jésus dit : "allez" et non pas installez-vous!
Ma démarche artistique dans la gravure
Ma mère m'a donné une vieille plaque à gâteau. Elle
était marquée, griffée, trouée, à l'image de notre vie. Mes premières gravures
étaient inspirées d'elle. Nos vies sont marquées par des brisures. Mais Dieu
peut restaurer en nous notre identité. Il est le potier et nous le vase. Il
façonne notre identité.
L'éternité dans le détail
Mon père a planté une vigne l'année de ma
naissance. A sa mort, j'ai trouvé quelques « leporelli ». Plus tard, ceux ci ont inspiré mes premières
gravures. Mes frères ont voulu tout jeter. Or j'ai trouvé l'éternité dans la
benne où ils ont jeté les affaires de mon père.
Du moment que la démarche artistique est reliée à
mon coeur, je trouve du sens dans tout ce que je fais. Pendant quatre ans j'ai
dessiné des vignes. Un jour, assis dans une vigne, je n'arrivais rien à
dessiner. Mais dans la vigne de mon père où je suis né, je peux dessiner des
jours et des jours. Je la porte en moi. L'important est un imaginaire nourri
par le réel. Le reste je m'en fous. C'est en me reliant à mon histoire que je
crée.
Mon père
Il jouait du piano. L'Opus 10 de Leo Ferré m'a
beaucoup inspiré. J'ai mis ce morceau à son enterrement. C'est une petite chose
que je tiens dans la paume de ma main et que je peux partager. " Je ne cherche pas des choses trop élevées",
dit un passage de la Bible. Cherchons à être dans le repos de l'œuvre de Dieu.
Ce n'est pas dans tumulte qu'il se manifeste, mais dans le chuchotement, le
coeur à coeur avec lui. Proximité, simplicité. S'assoir par terre comme un
enfant pour sentir le parfum d'une fleur. Cueillir, ne pas détruire le parfum
de Dieu.
Où es-tu?
Cette question de Dieu, même les arbres nous la
posent !
Comment répond une fleur quand nous l'écrasons:
elle nous donne son parfum! C'est exactement ce que Jésus a fait. Il a répondu
à la violence en donnant son amour encore davantage.
Travail
et repos
Je suis dans la logique de la case vide du
jeu de Taquin. C’est la case la plus importante, car on ne peut plus changer de
place. Aujourd’hui on est dans une société de l’occupation, de la
rentabilisation.
Quand on voulait garder la manne, elle
pourrissait. Mais Dieu ne veut que donner le pain de ce jour, alors que nous
nous projetons dans l’avenir avec nos assurances.
On veut rentabiliser même la misère. Dans
notre société on est en Egypte. Le pharaon veut toujours plus de rentabilité.
Il fait peur.
Dans nos vies on se laisse phagocyter cet
espace de création que Dieu nous donne pour vivre. On le remplit jusqu’à ce
qu’il soit plein de vide, de néant, de rentabilité.
Dans le travail je suis toujours dans une
démarche de lenteur. Schubert disait qu’il y a des lenteurs fécondes. Personne
n’attend les œuvres que je réalise. Elles sont comme les feuilles qui tombent
de l’arbre et une fleur qui s’épanouit. Une fleur reste belle même si personne
ne la regarde. Dieu l’a créée belle.
Je travaille dans le noir, le long terme.
Je n’ai pas besoin qu’on accorde de l’importance à ce que je fais. Mon identité
est l’intérieur de moi.
Par contre, je suis toujours dans l’élan.
Je ne m’assied pas, sinon sur le tabouret d’un vacher.
Eloge de la lenteur
Je suis dans le non-empressement.
Je ne cherche pas à produire, c’est Dieu
qui produit en moi ce que je porte.
Moins de rentabilité et de rendement. La
logique de Dieu est la multiplication, la fécondité.
Mais bien sûr cela m’encourage à me lever
et à travailler. A cultiver le jardin que Dieu nous a donné à cultiver.
Est-ce que ma terre est une bonne terre
pour que la semence de Dieu germe et produise du fruit. Si je ne le fais pas,
d’autres graines viendront prendre l’espace.
Soyons une source pour autrui !
Il n’y a pas de plus grande vision que la
prochaine personne que je rencontre.
Le talent que Dieu nous donne n’a rien
à voir avec le profit et la rentabilité, avec l’économie. La créativité est la
liberté que Dieu nous donne. Il nous donne un jardin non pas pour que nous le
cimentions ! Nous avons tous la tentation de cimenter. Pour l’enlever il faut
ensuite de grosses machines. Dans nos vies nous laissons trainer de petites
choses qui deviennent ensuite du ciment. Enterrer nos talents, c’est couvrir
notre liberté et mettre à la place la recherche de profit.
Contempler
les œuvres de Dieu
Ne pas s’occuper, mais observer ce que Dieu
a mis devant moi. Pendant une heure, deux heures. Puis écrire ou peindre ce que
j’ai reçu dans ce moment de contemplation. Dieu veut me dire quelque chose à
travers chaque chose.
Je ne sais qu’une chose : je porte en moi
l’infini de l’amour de Dieu et je désire le transmettre.
En Norvège j’avais le désir de mettre la
Bible dans les refuges de montagne. De retour chez moi, une dame m’a demandé
d’écrire un texte pour la « Bible de
la montagne ». A ce jour j’ai mis cette bible dans tous les refuges. Suite
à cela j’ai été mis en contact avec les Gédéons. Dieu avait préparé cela. Il
fait simplement entrer « dans les
œuvres qu’il a préparées à l’avance ». Qu’est-ce que Dieu prépare pour
moi cet été ? Où veut-il que j’aille ?
Les rendez-vous de Dieu
L’année dernière j’ai traversé toute la
Suisse avec une croix de 4 mètres de long. J’ai vécu des rencontres
bouleversantes. Le S. Esprit me disait d’aller vers telle ou telle personne et
lui offrais un Evangile. Un dialogue commençait à chaque fois, en particulier
avec les personnes révoltées. Tant de personnes se sont ouvertes et ont prié
avec moi.
Dieu a immense projet. Quand il trouve une
personne disponible, il crée des rendez-vous. Il a un plan pour chacun. Mais
nous ne devons pas rentrer chez nous tranquillement s’installer. Il faut
prendre l’Evangile au sérieux.
Le
rythme de Dieu
« En
son temps, j’accélèrerai les choses », dit Dieu.
Il y a un temps pour chaque chose. Il faut
cultiver son jardin : aimer nos enfants. Je prends au sérieux les personnes
que Dieu me confie. Mais il ne me demande qu’une chose par jour.
Hier j’ai prié toute la matinée pour
demander à Dieu ce que je vais dire aujourd’hui. Je ne sais pas ce qui est
important pour vous, mais Dieu le sait. Telle a été ma préparation. Je viens le
cœur nu devant vous, après avoir pris quelques notes. L’important est la
présence à l’autre dans l’instant présent.
Les personnes et les situations que l’on
vit, Dieu les utilise pour en faire un bouquet. Même les choses
difficiles !
On a de la peine à comprendre que Dieu
utilise la souffrance pour notre vie, pour la vie du monde. Elle nous polit
comme un galet dans la main de Dieu. A travers elle Dieu nous purifie comme un
cristal.
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