mardi 11 juillet 2017

La réalité intérieure. Les sept joies du peintre.


Les sept joies du peintre. Tableau de Philippe Fretz
Le titre de cette conférence donnée dans le cadre des journées "Connect day" de l’Association Arters s’inspire d’un tableau de Memling sur Marie. De manière très originale, Philippe Fretz, artiste peintre à Genève, l’a illustrée par un tableau décrivant les sept étapes de la vie du Christ.



1.    L’entrée
Comment commencer ? P. Fretz a passé son enfance dans la belle nature de montagne sur les hauteurs du Chablais vaudois. Ce monde s’est imprégné en lui. Ses parents ont été en lien avec la fondation de l’Abri, à Villars-sur-Ollon, créée par le pasteur réformé américain Francis Schaefer   
Ce dernier a engagé un dialogue sur les aspects philosophiques de la foi chrétienne avec de nombreux étudiants venus du monde entier. « C’était un nid magnifique pour me développer. Il y avait un intérêt pour la culture. La vision de la culture de Schaeffer incluait la spiritualité ».
Toutefois P. Fretz a dû développer une position personnelle, quitte, sur certains points, à prendre ses distances avec le maître
Puis c’est le temps de la découverte de l’art des autres : Cézanne, Giacometti l’ont marqué. « En découvrant des musées, j'avais l’impression de faire partie d’une famille. Je me suis rendu compte que la logique du progrès dans l'art est occidentale. Les influences sont plus profondes, car chaque artiste parlé de sa vie intérieure. L’art d’il y a 4000 ans a autant de valeur ».

2.    La croisée
Comment choisir au moment de la formation ? P. Fretz s’est dit qu’il voulait rester fidèle à ce qu’il a reçu. Suivre son cœur et l’accepter. Il savait qu’il devait relier son art avec sa foi, mais ne savait pas comment le faire.
La lecture de Simone Weil l’a influencé dans sa réflexion sur la dimension spirituelle de l’art, dans un contexte marqué par la modernité. Dans les années 80, l’art était marqué par l’avant-gardisme. Les nouveaux médias n’avaient pas encore la même place qu’aujourd’hui.
Il a senti que la peinture était à la fois un appel et une recherche.

3.    Le verger
A un moment donné arrive l’expérience du renoncement à son égo, symbolisée par l’arbre de Gethsémané.

Alors que l’école des Beaux arts cultive l’ego, le Christ appelle à le suivre. La
survalorisation de l’égo entre en conflit avec la perspective chrétienne qui fait du Christ le centre.
La concurrence est forte. Les figures titulaires sont des gourous : Marcel Duchamp et d’autres ont de fortes influences. On veut choquer, se faire remarquer. Comment trouver sa place en tant que chrétien ?
Balthus lui a donné un autre éclairage. « Il a été pour moi un phare. Je l’ai rencontré dans son Grand chalet à Rossinière. Il m’a aidé à dépasser le climat avant-gardisme des beaux arts ».  (http://www.fonds-balthus.com )
Cet effort de construire un langage, si on persévère, peut recevoir un accueil. Mais cela implique certains renoncements et surtout un acte de confiance en Dieu pour avancer, même si on ne sait pas le prochain pas

4.    Le désert

Dans sa passion le Christ vient à la rencontre de notre faiblesse. Cela le rapproche de nous. La souffrance est le terrain d’une fraternisation. « Cela a forgé ma réalité intérieure. Je n'ai jamais autant appris sur Dieu quand je voyais mon péché. C’est une réalité difficile à communiquer aujourd’hui, car on cherche toujours à se disculper. Mais ce faisant on ne peut accueillir le Christ ». Ces aspects de la spiritualité ont été essentiels pour lui.  


5.    Le jardin – accueillir la résurrection
Après son mariage avec Stéphanie, une nouvelle
étape s’ouvre devant lui. Tout un apprentissage : prendre soin de son jardin, de ses relations, écouter l’autre, découvrir la beauté de l’altérite ! La foi partagée dans le couple l’encourage à être dans une relation de don dans l’art.
C’est une période bohème, fondatrice, dans le bonheur de la vie simple. Le couple s’établit ensuite à  Marseille. P. Fretz gagne plusieurs bourses et découvre qu’il peut vivre de son art.
Puis il a été invité à enseigner aux USA, au Gordon Collège. Aujourd’hui il enseigne à Orvieto pour un programme de cette université italienne.

6.    La clairière
Cette clairière symbolise la vie de l’Eglise, où l’on tisse des relations avec les autres. Rencontrer les autres, développer son réseau : quelle richesse !  
Concrètement Philippe rejoint un collectif d’artistes qu’il a présidé : l’association Kugler qui regroupe des artistes.
Il a été frappé par la décision d’une artiste des beaux arts qui était entrée dans un monastère. Mais après 10 ans elle s’est réinstallée à Genève. Avec elle, le couple Fretz est en lien avec une paroisse catholique.
« L’art liturgique me nourrit et m’aide à comprendre que mon art est au service du Christ et de l’Eglise. Toutefois mon art est resté plutôt en dehors de la Communauté, même si ses thèmes sont chrétiens ».

7.    La sortie
« Bienheureux les fêlés car la lumière les traverse », dit P. Fretz en souriant. 

Dans la communion au Christ, chacun peut participer à la lumière, être son relais, agent de paix et de réconciliation.
Sa recherche actuelle se tourne vers Dante et de la Divine Comédie, dont il peint des illustrations. « Je suis touché par l’attention magnifique à la lumière chez Dante. Elle traverse la création, on peut y participer par la conversion. Elle nous pousse vers l'autre et nous ouvre à la fraternité ».

Martin Hoegger

www.philippefretz.ch site très intéressant regroupant les oeuvres par thèmes et séries
P. Fretz édite une revue artistique : In media res 

Journées "Connect day" de l’Association Arters, permettant aux artistes de se rencontrer   
 www.usinekugler.ch : le collectif d’artistes où P. Fretz travaille, à Genève.  

Vidéo de cette conférence sur YouTube

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